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Sans le Covid, il aurait fallu attendre pas moins de 40 ans pour que le travail hybride tel que nous le connaissons aujourd’hui soit largement appliqué. La pandémie a donc donné un élan sans précédent. Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? Que reste-t-il de cette forte progression ? Comment les employeurs évaluent-ils le travail hybride ? Et quels défis et opportunités leurs employés rencontrent-ils ? Nous avons invité le professeur Dirk Buyens de la Vlerick Business School à un webinaire interactif au cours duquel nous avons cherché des réponses à ces questions et à bien d'autres.

Après la forte progression. OÙ en sommes-nous aujourd'hui au niveau du travail hybride?

Le travail hybride se stabilise

 

Alors que le nombre de personnes travaillant à domicile a grimpé en flèche pendant la crise du coronavirus, nous avons assisté à une stabilisation des chiffres depuis la mi-2022, le nombre de jours de travail à domicile oscillant autour de 30 %. Le pourcentage de salariés bénéficiant d’un accord de travail hybride s’élève également au niveau comparable de 28,8 %.

"Alors que certaines entreprises optent à nouveau pour une politique sur site, d’autres profitent des avantages d’une approche hybride. D'un point de vue global, une stabilisation est clairement visible", déclare le professeur Buyens.

 

L’écart entre employeurs et employés se réduit

 

"Aujourd’hui encore, il existe un écart entre les employeurs et les employés en matière de travail hybride. Pourtant, leurs attentes sont souvent plus proches que prévu."

 

Il y a près d’un an, le professeur Buyens concluait qu’il existait un écart entre la manière dont les employeurs évaluent le travail hybride et celle dont leurs salariés le perçoivent. Alors que le premier groupe a souligné l’impact négatif sur la culture, la structure et la productivité, le second a parlé de liberté et d’augmentation de la productivité.

Cet écart existe encore aujourd’hui. Pourtant, les attentes des employeurs et des salariés sont souvent plus proches que prévu. Par exemple, la différence entre le nombre de jours pendant lesquels les employés souhaitent travailler à distance et celui que préfèrent leurs employeurs n’est pas supérieur à une demi-journée.

Cela est dû en partie au fait que les collaborateurs bénéficient des avantages du travail sur site, voilà ce qu’a démontré le professeur Buyens.

De plus, les employeurs constatent que le service client dans un environnement de travail hybride est au moins aussi bon, voire meilleur, qu’avant la pandémie. Les investissements des organisations dans la technologie numérique qui permet de bonnes expériences client portent donc leurs fruits.

 

Le travail hybride fait partie de la politique RH

 

La flexibilité reste une condition importante pour les candidats dans leur recherche d'un nouvel emploi. Dans son webinaire, le professeur Buyens a évoqué des recherches menées auprès de plus de 2 000 demandeurs d'emploi dans le monde. Les répondants ont déclaré ce qui suit :

  • La flexibilité est une priorité absolue.
  • 33 % des candidats ont refusé un emploi en raison du manque d'options de travail flexibles.

Ici aussi, employeurs et salariés semblent d’accord. Parce que les entreprises considèrent la création d’options de travail hybrides comme l’une de leurs principales priorités dans la guerre des talents.

Par ailleurs, le professeur Buyens a également montré que ce sont principalement les salariés seniors et bien rémunérés qui préfèrent travailler à domicile. C'est précisément ce groupe qui détermine la politique RH dans la plupart des organisations.

Des défis demeurent

 

"Les salariés veulent plus d’autonomie et de connexion. Le grand défi pour les managers est de coordonner ces besoins."

Le fait que les employeurs et les salariés sont en phase de différentes manières en matière de travail hybride ne signifie bien sûr pas que tous les défis ont disparu.

Une étude récente de Korn Ferry montre que 75 % des salariés attendent des modalités de travail flexibles et que 65 % d'entre eux ont besoin de contacts plus personnels avec leurs collègues. Selon le professeur Buyens, cela pose des défis aux managers qui doivent coordonner les besoins de plus d'autonomie et de connexion.

Il note également que les organisations, motivées par la recherche d'une solution équitable, optent souvent pour une politique convenant à tous. Il note toutefois que cette approche, qui limite la flexibilité pour plus d'équité, ne conduit généralement pas à une plus grande satisfaction des employés.

Un travail hybride réussi basé sur une politique flexible

"Avec une politique flexible en matière de travail hybride, il n’y a aucun impact négatif sur la productivité et le service."

 

Malgré les défis, le professeur Buyens a souligné à plusieurs reprises que le travail hybride continuerait d’exister. La raison principale ? Le travail hybride n'a aucun impact négatif sur la productivité et le service, même pour les travailleurs dits de première ligne, et contribue au confort de travail et au bonheur au travail des collaborateurs.

Mais à quoi devrait exactement ressembler un tel environnement de travail hybride ? Selon le professeur, il est nécessaire que les organisations aient une politique flexible en matière de travail hybride. Ceci est adapté à différents groupes, responsabilités, activités et moments qui comptent : des moments pour lesquels être ensemble sur place représente une réelle valeur ajoutée. Intégrer de nouvelles personnes, démarrer un nouveau projet et constituer une équipe soudée, par exemple.

Pour finir, le travail hybride doit aller de pair avec des efforts favorisant le travail asynchrone et ciblé et le bien-être. Selon le professeur, il y a encore du travail à faire dans ce domaine. Par exemple, seule une petite minorité d’entreprises organise des journées sans réunions ni e-mails ou faisant la part belle à la santé mentale.